Bitcoin et liberté dans le monde

Opinion par Bitcoincours.com, le 26 Mai 2016

Lorsque l'on découvre le bitcoin pour la première fois, on essaie de comparer avec ce qui est comparable: les monnaies que nous utilisons tous les jours appelées monnaies fiat ou aussi monnaies fiduciaires. Et c'est là la première erreur que nous commettons tous: la monnaie bitcoin n'a vraiment rien à voir avec celle que nous connaissons.

Tout d'abord bitcoin est bien plus qu'une monnaie, c'est un protocole informatique dont l'une des nombreuses applications est la monnaie. De la même manière qu' Ethereum est un protocole dont l'une des applications est la monnaie - l'ether. La crypto-monnaie est échangée entre individus en peer to peer, sans intermédiaire. Le système bancaire n'intervient donc pas dans les transferts d'argent en bitcoins. Jusqu'à maintenant nous vivons dans une économie où l'argent circule par l'intermédiaire des banques et où l'état contrôle la monnaie. Avec Bitcoin, la monnaie est séparée de l'état. Cela veut dire que si le bitcoin réussit un jour à circuler en masse dans le monde, les individus auront le contrôle de leur monnaie. Le pouvoir passera donc de l'état à l'individu, en ce qui concerne la monnaie. L'Etat qui ne contrôle plus la monnaie siginifie aussi la fin des frontières: avec bitcoin on passe d'une monnaie locale à une monnaie globalisée non-attachée à des territoires.

Le plus grand bouleversement sera sans doute pour les populations les plus pauvres de la planète, qui pour la plupart, n'ont pas accès aux services bancaires. Avec bitcoin, un accès internet suffit pour ouvrir un wallet. Comme il n'y a pas d'autorité dans les monnaies virtuelles qui sont décentralisées, tout le monde ayant internet peut ouvrir un wallet et recevoir des bitcoins, même dans les régions du monde sous-bancarisées. Il n'y a pas de permission à demander pour ouvrir un wallet, pas d'âge requis, pas de conditions sociales, et bitcoin est ouvert 24 heures sur 24.

Puisque les crypto-monnaies sont susceptibles d'offrir plus de liberté et de pouvoir aux individus c'est sans surprise que de nombreux gouvernements dans le monde se montrent hostiles à son utilisation ou son développement. Le site web Bitlegal, qui suit le paysage réglementaire de la crypto-monnaie en fonction des pays, a établi une carte et différencié les pays en fonction de 4 nuances de couleur. En vert, l'usage de la monnaie digitale est autorisé par les autorités, en jaune un peu moins, en rouge les autorités sont hostiles, et en noir c'est l'inconnu (les autorités ne se sont pas prononcées).



Maintenant comparons cette carte à une autre carte, celle établie par Freedom House, qui montre l'état des lieux de la liberté dans le monde. Freedom House est l'une des meilleures sources disponible sur l'état des droits civils et politiques dans le monde, utile aux chercheurs et aux praticiens intéressés par l'état de la démocratie et de la liberté humaine. Sur cette carte il y a aussi différentes couleurs: le vert pour les pays où il y a le plus de libertés et le violet pour ceux où il y en a le moins. Entre les deux, le jaune pour les pays "semi-libres".



 
Si l'on superpose ces deux cartes, on remarque un lien évident entre crypto-monnaie et liberté. Le bitcoin est le mieux acccepté dans les pays et régions offrant le plus de liberté aux individus, comme l'Europe, les Etats-Unis, le Canada, la Suisse. A contrario, les monnaies virtuelles et le bitcoin sont le plus rejetés dans les pays non démocratiques, qui bafouent les droits de l'homme et les libertés des individus. Sans surprise on y trouve la Russie, qui il y a peu de temps avait proposé d'emprisonner les utilisateurs du bitcoin. La Chine, qui joue le jeu de l'hypocrisie, a menacé plusieurs fois d'interdire le bitcoin mais autorise pourtant le trading et le minage du bitcoin à grande échelle.

L'évolution de la réglementation des monnaies digitales est instable et beaucoup de gouvernements ne se sont pas encore prononcés sur leur régulation. Des pays qui bannissent leur usage comme la Bolivie évoquent le fait qu'il est interdit d'utiliser une monnaie non émise et contrôlée par l'état. Mais la vraie raison de l'interdiction, c'est surtout que le bitcoin donne plus de pouvoir aux individus et moins à l'état. La crise que traverse le Vénézuela en est la démonstration même: les habitants affamés à cause de la dévaluation du Bolivar et n'ayant plus aucune confiance dans le gouvernement corrompu, se tournent vers la monnaie digitale Bitcoin. La dictature a réagi en lançant une campagne de diffamation contre le bitcoin dans les médias sous son contrôle, en le présentant comme une monnaie de criminels. L'idée que le Bitcoin puisse redonner de l'indépendance financière aux individus, et un peu de souveraineté au peuple, contrarie beaucoup de gouvernements - surtout ceux des régimes totalitaires et soit-disant patriotiques économiquement.

Si dans les prochaines années, le bitcoin est de plus en plus utilisé comme monnaie par les citoyens du monde, il sera un formidable indicateur pour mesurer le niveau de liberté et de démocratie dans chaque pays. Les gouvernements qui en interdiront l'usage seront certainement classés comme liberticides et anti-démocratiques.